Au bord du canal

Sans titreHeureusement, le dimanche, on se repose. Je viens toujours ici le dimanche après-midi. Tout seul, j’ai la permission depuis que j’ai eu mes dix ans. Comme ça, assis au bord du canal. Regarder l’eau bouger. Une fois, un héron s’est envolé avec un poisson dans son bec. Et j’aime bien voir les péniches. Elles apportent du charbon pour faire tourner les machines à vapeur. Toutes les cheminées plus grandes que des maisons qui envoient la fumée dans le ciel. Une grosse fumée qui cache le soleil.

Je regarde l’eau qui bouge dans la lumière, des petites vagues comme dans la mare des canards avec les halots à Wittebecque. Je pouvais grimper dedans et me cacher. Le marinier me fait signe des fois. Il s’appelle Pieter, ça veut dire Pierre. Je le sais parce qu’au printemps, il a empêché des grands qui voulaient me faire du mal. Il criait sur eux pour les menacer, les taper avec sa grande rame pour qu’ils se sauvent. Il m’a montré sa cabine, une toute petite maison pour lui, sa femme et leur petit garçon qui est attaché avec une corde, ou bien il pourrait tomber dans le canal. C’est dangereux…

Lucien Suel

Un aller simple pour Roubaix

dans

Dérives dans l’espace-temps

http://www.qazaq.fr/pages/derives-dans-lespace-temps/

A propos brigetoun

paumée et touche à tout
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2 commentaires pour Au bord du canal

  1. jeandler dit :

    Ancrage au bord de la rêverie.
    Beau texte.

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