Des oloé – où lire et écrire

J’avais lu, certains – les derniers, je ne connaissais pas son blog avant, ni même elle et ses écrits je l’avoue (cela fait partie des cadeaux que nous offre internet) – «des Oloé» d’Anne Savelli, qui viennent de paraître, réunis, mis en forme, aux éditions D-Fiction (édition numérique).

Pour plus de clarté je reprends ce qu’elle en dit http://fenetresopenspace.blogspot.com/2011/05/des-oloe-parution-lundi-prochain.html

«… En 2010, chaque mois, durant neuf mois, j’ai écrit un texte consacré à ces endroits « où lire où écrire » que sont les bibliothèques, centres d’animation, jardins, terrasses, trains, cafés… Les accompagnaient quelques lieux éphémères (installations, expositions) et d’autres, non destinés à ce type d’activité : rue, salle d’attente d’une antenne de la préfecture de police…»

et, bien entendu, comme j’aime ce que j’ai lu d’elle, comme j’avais gardé bon souvenir des bribes lues alors (comme la «chaise-table de la nef Curial» qui ouvre le livre : «Je me suis dit : enfin un bon endroit pour lire écrire dans ce Cent Quatre qui écrase et fatigue, écartèle aux points telluriques – on en part en petits morceaux. Et puis non. Pas lu pas écrit grand chose malgré la terre et la verrière, les plantes qui protègent des regards»)

Mais elle en trouve d’autres, (et le livre est nourri, farci, de photos belles et pertinentes – ce qui m’ennuie bien, par quoi les remplacer , qui ne soit trahison? Alors me suis contenté du carnet de griffonnage dans le noir des salles de spectacles, ou sur un banc ou debout de Brigetoun qui, elle, n’écrit pas, griffonnage généralement illisible mais qui ancre des mots dans un coin de mémoire – et de la couverture s’affichant sur mon ordinateur)

un jardin, un banc dans la cachette des arbres, mais là aussi l’écriture est difficile, gênée par des jugements «injustes et mal venues, à propos d’un autre travail», – sauf que l’interrogation du lieu, des mots, de ce qui doit être écrit, les rêves, le corps dans le jardin, «Groseilles, framboises dans le dos… à gauche dans l’herbe deux romans entamés», le dialogue avec soi-même, cela est dit avec saveur.

Une cuisine à Wimereux, ou sous l’escalier, en public (pour les lectures de ce qu’on a écrit), dans une bibliothèque, en mouvement, en attendant, à Berlin, dans un musée-maison, un lieu merveilleux où on écoute des mots d’amour, des musiques, dans des pièces vides… les lieux, les conditions qu’ils offrent, les travaux et les lectures en cours, l’entourage qui peut être délicieux, ou incommode, se succèdent, avec notre monde, les gens, la société, et les interférences de ce qu’on a écrit. (outre les photos, des liens, quelques-uns, pas trop, vers des livres, documents).. la réflexion sur cette drôle d’activité : l’écriture. Et des sentences en majuscule comme des recommandations que l’on se fait ou des étonnement qui prennent la place.

Et me bornerai à du grapillage, des bribes sans suite, sans aucune garantie de pertinence (le mieux est de le lire, ce livre, qui est assez court – 64 pages – il vous en coûtera 3,99 euros – par exemple chez e-pagine http://www.epagine.fr/9782363420091-des-oloe-anne-savelli/

«.. soudain se lever d’un bond. Manteau, sac, clefs, descendre les marches et gagner la porte, la sortie de secours à toute vitesse : s’inscrire dans le lieu depuis le début ce n’est pas tenable, sans savoir au juste pourquoi. Une question de forces contraires ?»`

«Il s’agissait, de soi à soi, de phrases qui traversent, à ne pas noter, que personne n’entend, à tordre, à briser, assembler plus tard. Il s’agissait de pesanteur, de gravité, et longer les murs, et s’y enfoncer sans quitter la ligne, le plan de la ville. S’extraire, respirer, et se dédoubler, et s’offrir un thé, et tourner la page.»

«On sait exactement combien de temps cette page et combien ce passage et ces mots difficiles à lier, prononcer, les voilà qui s’éloignent, ouf, ne pas se relâcher, ne pas croire qu’on domine et butter sur la suite, plus fluide pensait-on»

«Sommes tous surfaces, vision plane ou 3D de la foule au marché, des fumeurs en terrasse. Sommes silhouettes vivantes de ce jeu en action, se déplacer en ville quand il n’y a pas de raison, nulle obligation de promenade. Que le personnage s’incarne en tous sens n’y change rien, s’il gêne on en fera un acheteur, vendeur, acrobate, le coiffeur qui au bar regarde par la vitre la cliente hésiter (permanente ? Couleur ? entrera, oui ou non ?). Mais il ne gênera pas et on n’en fera rien, du personnage, rien qui puisse le réduire.»

Et le dernier texte : «dans le mur » qui parle de «Franck» l’homme et le livre qu’elle a écrit, qui parle aussi du sens de l’écriture, est très beau.

PS

«des oloé » chez Liminaire http://www.liminaire.fr/spip.php?article1286

chez Joachim Séné http://www.joachimsene.fr/txt/spip.php?article328

chez Franck Queyraud http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2011/05/23/balade-dans-les-oloe-danne-savelli/

après lesquels il m’était difficile de trouver mots,

et d’autres billets à venir certainement.

A propos brigetoun

paumée et touche à tout
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4 commentaires pour Des oloé – où lire et écrire

  1. Les extraits que vous nous donnez à lire montrent une écriture témoin du temps présent et des instants fugitifs de vie. Est-ce le fait d’une auteure pressée ou est-ce une volonté de ne rater aucun de ces instants et d’en être le témoin le plus fidèle? J’attendrai fidèlement la suite de vos lectures et les extraits que vous nous livrerez si gentiment pour me faire une idée plus précise. Le charme que proposerait une lecture de ce livre est toutefois au rendez-vous.

  2. Arlette dit :

    Comme c’est bien de pouvoir noter à la volée les mots ,le ressenti d’un endroit et s’y tenir tous les jours parfois je note mais tous les sens en alerte suis comme une éponge j’absorbe!!!et retranscris après d’une autre façon, mais il me faut du recul
    Bravo de nous faire découvrir cela J’aime beaucoup

  3. Pandaranol dit :

    Je n'aurai pas cru que je pourrais un jour tomber sur cet article.

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