…
Nuit où personne ne passe
Trop près de mon sommeil
Nuit où les pieds laissent
Leurs traces sur la peau
Un même endroit d’heur et de peine
Une même nuit
Il y a les lames de verre
Le rideau écarté
Le corps à la frontière
La pluie l’obscurité
La lampe qui éclaire
La monotonie du poème
La végétation de mon pas
Quand je m’éveille
Et cherche les mots
Avec lenteur dans la case
.
Je sors à l’heure dernière
Qui est l’heure si douce
Où la lumière orange
Chante dans le verger
J’attends
Que l’écrit s’impose
Ou seulement quelque chose
Proche de rien
L’appel d’une grive
La plongée d’un martin
Quelqu’un pourrait venir
Mais personne ne vient
Un seul est là
Qui ne parle pas
Se tient tout entier
Entre mon silence et le sien
Au bord de ce qui m’attire
..
et un passage des notes en marge
..
11
Il n’y a pas de conversation
qui ne laisse affleurer le secret de soi
On se tient alors au bord de l’autre
à sa table de nuit
et l’on mange en silence
12
Derrière les arbres il y a quelqu’un
et soi près de la fenêtre
.
Lui marche
et c’est en soi,
se promène
où l’on va,
parce qu’il n’a pas d’endroit
autre que celui-là
que son corps en attente
Serge Marcel Roche
Conversation
illlustrations Olivier Dende
Editions QazaQ