– le genre de petit mot qu’on glisse sur la table, près de la coupe de fruits, sur le frigo, dans l’entrée, je rentre à 19h, acheter du beurre, penser au vaccin du chien, téléphoner à Jean
– et s’Il lisait ? on verra bien
– on se parle à soi-même parfois, on s’encourage, on cherche des raisons, on batifole et puis devant la glace ou en voiture on soliloque avec la conviction que rien ne peut nous interrompre, et c’est (presque) le cas
– ou Il a lu avant qu’on le formule, Il est très fort, Il boude, Il est parti bien contrarié, Il n’en tiendra pas compte, la peau tannée comme du cuir, ou imperméable à la langue, ésotérique ou dépité, bavard ou brassant ses contradictions, ou posé comme une quille, c’est selon, ou acceptant que l’on s’adresse à Lui de toutes les façons et qu’Il soit là ou pas, mais c’est très énervant cette histoire, ce flou toujours ce flou pour l’essentiel, alors que certaines choses sont claires coupantes comme du verre, Il, pourquoi Il, pourquoi pas Elle, pourquoi pas Elles (enfin, ce qu’on se demande en marmonnant dans la voiture, puis le feu change de couleur, alors on repousse le levier de vitesse et voilà)
Christine Jeanney
quand les passants font marche arrière ça rembobine
publie.net
http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782814506930
photo Brigitte Célérier
Cela rappelle des souvenirs…
que j’aime bien
Petits mots qui sont parfois grands soucis