Ils ont beaucoup ri. Et si la prison était plus belle que les jardins des exils?
Et sur leur humour ont vu leur fenêtre s’ouvrir et attiser ses roses autour des berges
Ce qui était fut. Ils monteront les escaliers en courant
Ouvriront les armoires du souvenir
Le coffre à vêtements
Poliront les poignées des portes parfois
Apprêteront les bagues d’autrefois
Leurs doigts ont grossi avec les jours et leurs orbites se sont gonflées
Et sur la rouille des miroirs et du verre, ils n’ont point retrouvé leurs visages
Soit !
Le jardin les recevra lorsqu’ils arriveront dans un instant avant le chant
Et ils se retourneront
Voici que nous sommes nous-mêmes. Qui donc au désert nous ramènera ?
Aux ennemis nous enseignerons l’agriculture et l’eau jaillissante de la pierre. Le piment nous planterons dans le casque du soldat, le blé sur toutes les pentes et le blé est toujours plus grand que les limites de l’empire imbécile. Les moeurs de nos morts nous suivrons et l’argenté des arbres, de la rouille des années laverons
Notre pays est d’être le nôtre
Nous pays est que nous soyons le sien
Et sa flore, et ses oiseaux, et ses choses inanimées
Notre pays est notre avènement
Nos aïeux
Nos petits-enfants
Nos coeurs qui marchent sur le genêt et les petits de la grouse
Et notre pays est que nous ceinturions de lilas son feu et sa cendre…
Mahmoud Darwich
Et la terre se transmet comme la langue
dans
Au dernier soir sur cette terre
traduction Elias Sanbar
Sindbab – Actes-Sud
Merci !
Merci, car – comme l’idiote que je suis parfois – je n’avais bien évidemment jamais lu de Mahmoud Darwich… et votre choix vient de l’emporter. J’y cours…
magnifique, magnifique…
un souffle..