Et tout ce à quoi nous échappons, tout ce que nous ne voyons pas, comme en voiture, concentrés sur la conduite, le regard projeté vers l’avant, écran immobile : faire face, tout ce qui compte, sur l’écran du pare-brise. Sur les côtés, tout ce que nous manquons, devant quoi nous passons sans rien voir, que la sensation de la vitesse, ce qui glisse sur nous, comme le vent sur notre peau, ou l’eau dans la nage. Glisser. Circuler, il n’y a rien à voir. Mais sentir ce qui se passe, et que l’on rate, est important.
Le ciel, les murs, les routes, les champs, les arbres et les variations météorologiques. Et les gens croisés.
…….
… oubliant le plan dans ma poche. Mes pas me conduisent vers un quartier tout proche en plein réaménagement.
Les travaux ont à peine commencé. De nombreux tags et graffitis parsèment le mur d’une usine en brique fermée. Je reconnais certaines interventions graphiques. L’esplanade en dessous sert de parking improvisé. Du genre à durer dans le temps. Quartier en mutation. Les tags rose, vert, jaune, au sol, mesures des géomètres font écho à ceux plus disparates sur les murs des bâtiments qui seront bientôt détruits.
La femme noire que je croise dans la rue des Africains me sourit.
Près de la médiathèque, dans un autre quartier, cette autre femme les bras chargés de lourds sacs.
Imprimerie La Laborieuse.
Rue de Bourgogne/Rue de l’Empereur : Un grand panneau municipal sur les travaux de la ville, recouvert d’affiches et à moitié caché par des larges et colorées poubelles : Orléans donne un avenir à son passé.
Rue Jeanne d’Arc/Rue Sainte Catherine : en passant d’un côté à l’autre de la rue qui conduit à la cathédrale, trois étapes du chantier du tram. Son évolution dans l’espace et le temps. Trois saisons de la ville.
Pierre Ménard
dans
Laisse venir
auteurs Pierre Ménard et Anne Savelli
Résidences
éditeur La Marelle
dire qu’il y a encore des mots pour essayer de dire tout cela qui ne se dit pas!!!l